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Interview Site www.siamfightmag.com

 

Bonjour à tous, voici un interview que j'ai fait pour l'exellent site internet : siamfightmag.com

Je reviens en détails sur mes derniers combats, mon parcours ainsi que mon futur, bon courage car c'est assez complet. 

Interviewde BRICE GUIDON

Par Serge TREFEU (2010) 


Serge TREFEU : Bonjour Brice et merci de m’accordez cette interview.

Tu viens de remporter une belle victoire face au Champion d’Allemagne Martin Jahn, conservant ainsi ta ceinture de Champion d’Europe, peux tu revenir sur ce combat et nous donner tes sensations après cette victoire ?

BRICE GUIDON : Bonjour, je suis heureux de garder ma ceinture européenne même si je suis loin d'être satisfait de ma performance.

Pour résumer rapidement, je n'ai pas réussi à trouver le bon rythme dans ce combat.

Mon adversaire, l'octuple champion d'Allemagne, Martin Jahn n'était pas très agressif et ne me faisait pas mal, du coup je laissais passer le combat sans enchaîner et en marquant tranquillement mes points au détriment du spectacle.

Heureusement qu’au 4ème round Jérôme (Le Banner) a su me motiver en me disant d'être plus méchant, c'est à partir de là que j'ai commencé à faire mal à l'Allemand, je le mets KO dans ce même round.

Je vais avoir besoin de beaucoup plus de vitesse si je veux continuer à monter dans la hiérarchie des lourds.

C'était très plaisant de boxer à Marseille et l'Urban Boxing United a été un événement très réussi, je remercie d'ailleurs Rani Berbachi et Serge Singer qui m'ont fait confiance pour me mettre à l'affiche.

 

 

 

S.T. : Quelques temps auparavant tu as battu, en déjouant tout les pronostiques, l’expérimenté Hesdy Gerges (Champion du Monde et Champion d’Europe), c’est une belle performance, peux tu nous dire quel était ton état d’esprit avant le combat et surtout après ?

B.G. : Les promoteurs du "It's Showtime" m'ont proposé ce combat à seulement 7 jours de l'événement pour palier au forfait de Daniel Ghita.

Hesdy Gerges était un très gros morceau, il restait sur une série impressionnante avec une défaite aux points face à Shilt et 3 victoires écrasantes face à Balrak, Karaev et Slowinski.

Je n’étais pas spécialement affûté mais vu que je fais du sport en permanence (notamment du rugby) ça me permet de me maintenir en forme même lorsque je n'ai pas de combat de prévu.

Que ce soit mes entraineurs ou mon agent, personne n'était chaud pour que je fasse ce combat mais moi j'avais vraiment envie de me tester face à un top de la nouvelle génération (qui plus est mis en avant par le K-1), c'était vraiment une belle carte à jouer pour moi et je ne désire pas une carrière "protégée", j'aime partir "à la guerre" avec le sentiment que ça va être dur...

L'objectif était donc de faire un bon combat et j'ai fait mieux encore puisque je m'impose, j'ai joué au "ping-pong" avec Hesdy et ma stratégie a fonctionné puisque j'ai marqué plus de point, un vrai bonheur de l'emporter et puis André Mannaart (mon coach) était également très heureux puisque Gerges vient du Chakuriki Amsterdam et Mejiro-Chakuriki, c'est un peu le OM-PSG néerlandais.

Le "It's showtime" est diffusé sur une grande chaîne aux Pays Bas et on me parle souvent du combat...

 

S.T. : L’année 2010 commence vraiment bien pour toi car tu remporte une ceinture de Champion d’Europe WPMF face à l’anglais Chris Knowles (Champion du Monde IMFA), que représente ce titre pour toi ?

B.G. : Je suis très heureux de remporter un titre en Muay Thaï, de plus j'ai vraiment démontré que j'étais bel et bien un "Nakmuay" en me servant parfaitement des coudes.

J'achève le combat au 1er round en entaillant 4 fois l'anglais.

Moi qui voulais vraiment sortir les coudes pour mon 1er combat sans coudière je n’ai pas été déçu, c'est vraiment une arme redoutable.

 

S.T. : En 2009 tu participes à un tournoi K-1 au Japon, tu connais bien les stadium de Tokyo pour y être souvent allé accompagner ton ami Jérôme Le banner, mais comment as-tu vécu cette soirée en tant que combattant dans ce prestigieux événement planétaire ?

B.G. : Connaître le circuit nippon "de l'intérieur" a sans aucun doute joué en ma faveur.

J'ai abordé tout ça très simplement, savourant chaque instant et en étant vraiment très heureux de combattre dans la plus prestigieuse des organisations.

Je ne me suis pas mis de pression, l'objectif était de prendre du plaisir et ça a été pleinement rempli.

J'étais content de battre le nouveau "phénomène" néerlandais en la personne de Rico Verhoeven.

Avant notre combat il n'y en avait que pour lui, le nouveau Peter Aerts, au bout de quelques jours c'était devenu un peu irritant.

Malheureusement j'ai enchainé 1/4 et 1/2 final en moins de 10mn !

Je m'incline donc en demie finale mais ça reste malgré tout une excellente expérience.

 

 

S.T. : Te retrouver en final du Grand Prix K1 et décrocher ce titre suprême, c’est une chose à laquelle tu ambitionnes ?

B.G. : A laquelle je rêve, OUI, à laquelle j'ambitionne, on verra plus tard, il reste un très long chemin avant d'ambitionner à un tel sacre.

Bien sûr que c'est le rêve de tout boxeur que de gagner un jour le K-1 mais jusqu'à présent seul 7 en ont été capable.

En ce qui me concerne, je prends les combats les uns après les autres, toujours dans l'optique de me faire plaisir et je tiens à ce que la boxe reste une passion et pas une corvée obligatoire.

Ainsi si j'arrive un jour à me glisser dans les 8 finalistes du K-1 je pourrais commencer à penser au sacre, mais pas avant, c'est inutile.

 

S.T. : Quels sont les champions les plus forts dans ta catégorie actuellement ?

Et espères-tu un jour les affronter ?

B.G. : Aujourd'hui on ne peut pas nier la supériorité de Sem Shilt, alors même si son style n’est pas très attractif et si parfois on s'ennuie devant ses combats, il reste le meilleur, point !

Beaucoup de personnes le dénigre, c'est vrai que ce n'est pas le plus charismatique des champions mais c'est le plus impressionnant, il a battu tout les meilleurs et mérite le respect.

Il y a également Badr Hari qui devient de plus en plus impressionnant, pour m'être entrainé avec lui il y a quelques années, il frappait déjà fort alors à l'époque et n'a cessé de progressé depuis.

Je pense qu'il est considéré à juste titre comme le numéro 2 actuel.

Bien sûr que j'aimerais affronter les meilleurs de ma catégorie, un combat avec Badr n'est d'ailleurs peut être pas si lointain puisque j'ai battu ses 2 précédents challenger au "It's Showtime" (Mourad Bouzidi et Hesdy Gerges).

Un combat d'une telle importance ne peut être que bénéfique pour moi et si cela devait arriver c'est sûr que je me donnerais à 200%.

 

S.T. : Tu es un beau poids lourd avec ton 1m97 et tes 108 Kg mais face à des adversaires expérimenté comme Semmy Schilt (2m12, 130 Kg), Alistair Overeem (1m95, 118 Kg) ou Badr Hari (1m97, 105 Kg), quelle serait ta tactique de combat ?

B.G. : Je suis désormais à 116kg, mes habitudes d'entraînements ont changées et il en résulte une prise de poids exponentielle, presque 1kg par semaine en 10 semaines.

Mon style n'est pas très attractif (tout comme Shilt) mais j'ai la particularité de brouiller la boxe de mon adversaire en contrant beaucoup.

Si de tels combats avaient lieu pour moi, je resterai fidèle à mon style technique, j'aurais tout de même besoin de plus de puissance et plus de vitesse pour espérer contrer l'un de ces "monstres".

 

S.T. : Tu aimes bien boxer en pur Muay Thai, lorsque tu combats en règle K1 tu es aussi à l’aise quand Muay Thai ?

Dans quelle forme de combat tu préfères combattre ?

B.G. : Muay Thaï !

Le Muay a toujours été mon style favori et bien que je ne m'entraîne plus avec les coudes par exemple c'est toujours un plaisir de les retrouver l'espace d'un combat, je me fais d'ailleurs bien souvent plaisir en entaillant mes adversaires.

En revanche, le corps à corps n'est pas ma spécialité et je suis plus à l'aise en coup de genou direct, c'est pourquoi je suis également très à l'aise en style K-1.

 

 S.T. : C’est plutôt difficile de trouver des combats dans les règles pures du Muay Thai pour un poids lourd que ce soit en France ou à l’étranger, qu’est ce que tu en penses ?

B.G. : C’est généralement les coudes qui posent problèmes, en poids lourds les coudes sont une arme redoutable et peu de poids lourds veulent bien prendre le risque de combattre en pure règle Muay Thaï.

Il y a aussi le problème de l'hégémonie du K-1, aujourd'hui proposer un gala K-1 ou K-1 rules est souvent plus attractif pour le public qui connait mieux cette appellation.

C'est préjudiciable pour le Muay Thaï car de nombreux combat seraient intéressant en règle thaï mais pour un souci de popularité les organisateurs les proposent souvent en règle K-1, c'est dommage…

 

 

S.T. : J’ai l’impression que tu aimes beaucoup la boxe thai car tu es allé jusqu’à te faire tatouer (Muay Thai en thaïlandais) sur le derrière du crâne, que signifie ce tatouage pour toi et penses tu que le Muay Thai est plus qu’un sport, est ce que tu le vois comme un Art martial ?

B.G. : Même si j'ai démarré par la boxe française c'est toujours de la boxe thaï que j'ai voulu faire.

C'est en regardant les galas de Thaï sur canal + (et surtout l'anniversaire du roi, rendez-vous immanquable pour moi) que ma passion pour le Muay est née.

Me faire tatouer Muay Thaï dans le crâne était donc logique puisque j'ai voulu mettre à l'honneur ma passion.

Avec tout le côté traditionnel qui entoure le Muay Thaï, il est évident que ça fait de ce dernier bien plus qu'un sport et ce n'est pas du tout choquant que de considérer le Muay Thaï comme un art martial.

 

S.T. : Es tu déjà allé t’entraîner en Thaïlande ?

B.G. : Oui, j'ai eu le plaisir d'accompagner Jérôme Le Banner pour sa préparation au k-1 en 2008.
Nous avons passé plus de 2 semaines au Fairtex gym de Pattaya.

C'était vraiment très agréable, entre le soleil, les cours de PAO quand on le souhaite, la salle de fitness climatisée et l'ambiance générale de la Thaïlande, c'était un voyage très enrichissant.

Le complexe Fairtex est vraiment High Tech, on y retrouve les champions qui s'y entraînent (Narupol, Yodsenkaï, Kem...), il y a également une piscine olympique, un mur d'escalade, des terrains de foot...

bref c'est vraiment un complexe 100% dédié au sport et les conditions pour s'entraîner sont optimales.

Cela dit je souhaite retourner en Thaïlande pour un voyage plus dédié aux "racines" du Muay Thaï, j'entends par là assister à un combat au Lumpinee ou au Radjadamnoen et m'entraîner dans un camp prestigieux et pas forcément consacré aux farengs (étrangers) mais au contraire plus traditionnel.

 

S.T. : Quels sont tes combattants thaïlandais préférés en boxe thai, de l’ancienne et de la nouvelle génération ?

B.G. : Alors, pour ce qui est de l'ancienne génération, j'appréciais particulièrement Saïmaï et je garde en tête ses combats victorieux contre Christian Garros, Johmod était également plaisant à regarder combattre même s’il charriait pas mal.

Mon Thaï préféré restera Sagmonkon.

Son combat contre Perry Ubeda ou il se déboite l'épaule plusieurs fois mais gagne tout de même à force de middle sur le bras du néerlandais est tout simplement héroïque, l'un de mes combats favoris d'ailleurs...

Pour ce qui est de la nouvelle génération, j'ai (comme tout le monde ou presque) adoré Buakaw quand il a débarqué au K-1 Max avec ses jambes de folies.

Les 1ères années il avait vraiment un style de fou, par la suite il a nettement amélioré son anglaise mais du coup son style était moins spectaculaire, du moins pour moi qui adore les kicks, il a également un peu perdu de sa "grinta" qu'il avait lors des 1ers K-1.

Il y a également la machine Yodseanklai qui est impressionnante et j'aime bien le mordant du petit Khem.

 

S.T. : Et pour les français ?

B.G. : Comme je disais, j’ai grandi avec les galas de boxe Thaï que diffusait Canal +, c’était dans les années 90 et à cette époque, Dida, Danny Bill, Stéphane Nikiema, J.C Skarbowski ou Mourad Sari étaient souvent de la partie.

J’aimais beaucoup tout ces boxeurs qui défendaient les couleurs de la France lors de l’anniversaire du Roi en Thaïlande, néanmoins j’avais une préférence pour le style de Danny Bill, une apparente « nonchalance » redoutable d’efficacité.

J’avais également pas mal d’admiration pour Christian Garros qui proposait souvent de très beaux combats (victoire ou défaite).

Ensuite j’ai découvert le K-1 et c’est bien évidemment Jérôme Le Banner que je suivais particulièrement.

Sa puissance était réellement impressionnante et dès que je voulais impressionner mes copains avec une vidéo de boxe, c’est un combat de Jérôme que je montrais.

Pour ce qui est de la nouvelle génération, le Team Nasser K produit vraiment d’excellents combattants, que ce soit Lidon, Pinca ou Mabel, ils sont tous très fort en plus d’être spectaculaire.

Karim Gadhji est également un bon combattant plaisant à voir évoluer.

 

S.T. : Tu as commencé la boxe dans quel club et à quel âge ?

B.G. : J'ai commencé à 12 ans au Boxing Club Lariche, à l'époque il n'y avait que de la boxe Française, j'ai du attendre mes 14 ans pour passer au Kick boxing et enfin à 16 ans je me suis mis à la Thaï.

Le club était à 45km de chez moi et j'y filais après les cours, ma mère attendait patiemment dans la voiture la fin de l'entraînement, parfois plusieurs heures (merci Maman).

 

S.T. : A 18 ans tu décides de partir en Hollande, le pays de la boxe pied et poings par excellence, pourquoi tu as choisi d’aller t’entrainer là-bas ?

B.G. : J’avais envie de devenir combattant professionnel depuis quelques années déjà, hors en France il était très difficile de progresser puisque j’étais un poids lourds JUNIORS, je ne rencontrais donc pas grand monde ce qui m’a valu plusieurs voyages à Paris pour en revenir sans avoir boxé…

C’est alors que je me suis tourné vers les Pays Bas, j’y suis d’abord allé un week-end pour tâter le terrain et une fois le bac en poche je suis parti durant l’été sans date de retour prévue.

J’étais dans un camping, (la toile de tente l’été de la canicule c’est pas top), et j’ai visité tout les clubs prestigieux.

Adorant le style de Remy Bonjasky et ayant un excellent contact avec André Mannaart c’est au Mejiro que j’ai décidé de « poser mes valises » pour, enfin, devenir boxeur professionnel.

 

S.T. : Comment c’est passé ta première approche dans les clubs hollandais, as-tu été bien accueilli ?

B.G. : La réponse est catégorique, OUI, j’ai été très bien accueilli partout ou je suis allé m’entrainer.

Que ce soit le Mejiro, le Vos Gym, Le team Aerts, Le team Hoost… il y toujours un bon accueil qui est réservé aux boxeurs sérieux et venu pour progresser.

 

S.T. : Selon toi qui a testé les supers infrastructures hollandaises, qu’est ce qui manque à la France en matière de pied et poing pour avoir quelque chose de similaire, l’engouement du public ?

Les moyens financiers ?

B.G. : C’est vrai que c’est paradoxal de voir un « grand » pays comme la France produire moins de champions qu’un « minuscule pays » comme les Pays Bas (et non la Hollande, simple province néerlandaise).

Une fois à Amsterdam j’ai vite compris que notre sport n’était pas logé à la même enseigne dans les 2 pays.

Aux Pays Bas, la boxe bénéficie vraiment d’une très bonne exposition médiatique.

Les champions comme E.Hoost vont participer a de nombreux jeux télévisés par exemple, les affiches de gala sont visibles partout, à l’école il est normal de dire « Je fais de la boxe » pour un gamin alors que chez nous c’est plus rare, la télévision propose des résumés des galas ou diffuse les grands événements…

Bref avec une exposition plus importante, un état d’esprit plus volontaire et des galas plus nombreux il est évident que ça apporte plus de moyens, c’est ce qui fait souvent défaut à la France…

 

S.T. : Dans les années 80 et 90 les hollandais venaient très souvent combattre chez nous, aujourd’hui il n’y a pratiquement plus aucun boxeurs hollandais dans nos galas, toi qui les côtoies souvent que pense les combattants hollandais sur les galas d’aujourd’hui en France ?

B.G. : Ils sont souvent étonnés de ne plus voir (ou moins en tout cas) de « grosses affiches » chez nous.

Ils restent persuadés qu’il y a une grosse activité chez nous alors que ce n’est pas forcément le cas.

Cela dit ils nous considèrent comme de très bons boxeurs et connaissent bien les champions Français.

Il garde l’image de la France des années 90 qui proposait de très beaux galas et qui avait des combattants redoutables, ils ne ce sont pas forcément rendus compte que c’était différent aujourd’hui.

 

S.T. : Tu t’entraines actuellement au célèbre club Mejiro Gym à Amsterdam, quels sont tes sparing partner et comment se passe une séance d’entrainement au Mejiro Gym ?

B.G. : La réputation du Mejiro n’est plus à faire, il a formé des champions comme Rob Kaman, André Mannaart, Fred Royers, Remy Bonjasky

Actuellement, la nouvelle génération arrive, nous avons de très bons jeunes classe A (dont les Fils de Milo El Geubli et de Léo de Snoo) et Andy Souwer pour les légers.

Chez les Lourds, nous sommes 4 professionnels à plus de 100kg (nous étions 8 il y a peu de temps) et donc il y a aucuns soucis pour tourner.

Mon sparring principal est Reamon Welboren, un beau bébé de 2m02 pour 110kg qui a eu une progression fulgurante.

De grands champions sont également souvent « en visite » et dernièrement Ewerton Texeira a passé un mois au Mejiro, c’était sympa de s’entrainer avec lui.

Ce qui est agréable aux Pays Bas, c’est qu’il est régulier d’aller tourner dans d’autres clubs, c’est souvent bien vu (contrairement en France), et par exemple au Mejiro, c’est souvent que le samedi, soit nous recevons un dojo voisin ou alors c’est nous qui nous nous déplaçons.

Ainsi je tourne parfois au Team Aerts, au team Hoost, chez Bob Shrijber, au Mike’s gym…

 

S.T. : La boxe pied et poing en Hollande est vraiment professionnel, est ce que c’est vrai que dans les clubs hollandais même un boxeur en classe B peut combattre souvent et gagner de très bonne bourse ?

B.G. : C’est sûr que ce n’est pas les galas qui manquent aux Pays Bas, il y en a jusqu’à une dizaine par week end, il est donc pas difficile de combattre, particulièrement en B.

Bien souvent on a juste à dire à notre club que l’on veut combattre et avec la communication qu’il y a entre les clubs, les combats tombent assez vite.

Pour les bourses, c’est très aléatoire, par exemple j’ai pris 100€ pour un combat et 800 pour un autre (les 2 en B)…

C’est parfois plus compliqué pour les classes A car à un moment on se retrouve un peu trop côté pour les « petits » galas mais pas assez pour les gros…

 

S.T. : Arrives-tu à vivre de ton sport aujourd’hui ?

B.G. : Même si ce n’est pas évident il est possible d’en vivre aujourd’hui mais il est tout de même vivement conseillé d’avoir une activité à côté.

C’est d’ailleurs pour ça que je suis actuellement en formation au creps de vichy afin de concrétiser mon projet professionnel…

  

 

S.T. : Tu fais parti du Team Le Banner, tu peux nous dire quelle est la composition de ce Team, mise à part le grand champion Jérôme Le Banner, quel est le staff et les boxeurs qui sont dans ce Team ?

B.G. : Et bien, Jérôme et moi sommes « les réguliers » du Team et nous bénéficions de l’excellent boulot de l’agent de l’équipe, Alan Kermorvan.

Nous constituons à nous 3 le noyau dur du Team.

Ensuite c’est plus du « coup par coup » et Jérôme fonctionne au feeling pour parfois filer un coup de main à de jeunes combattants.

Il y a également le staff médical de Jérôme qui n’hésite pas à s’occuper de nous, que ce soit Thierry le Kiné, Jean Marc le Doc ou Thierry pour l’accès à la salle de muscu, tous sont très dispo pour nous et c’est un avantage indéniable.

 

S.T. : Qui est ton coach actuellement ?

B.G. : Alors, mon coach principal est André Mannaart du célèbre Mejiro Gym Amsterdam et peu importe ou je boxe André est présent.

Il y a également Jérôme Le Banner qui est souvent présent dans mon coin, c'est surtout en tant qu'ami que Jérôme m'accompagne et c'est un honneur de l'avoir à mes côtés, il me connaît par cœur et me donne toujours la confiance dont j'ai besoin.

Lorsque je suis chez moi, à Tours, c'est Stan Pauleau (mon 1er coach) qui me passe régulièrement aux pattes d'ours.

 

S.T. : Tu aimes voyager pour combattre si je te dis Amsterdam, Paris, Tokyo, Bangkok, New York, Los Angeles, Milan, qu’évoquent ces villes pour toi ?

B.G. : Alors, je vais répondre dans l’ordre,

Amsterdam, ma seconde maison.

Paris, j’ai très peu l’occasion d’aller à Paris mais moi qui suis d’un petit village, Paris est bien trop grand pour moi…

Tokyo, Très agréable de séjourner là-bas et c’est tellement dépaysant, tout est différent…

Bangkok, Le berceau de la boxe thaï, j’aimerais y séjourner plus longtemps pour la découvrir plus en profondeur.

New York, pas encore eu la chance d’y aller, je me suis limité à la Californie.

Los Angeles, la folie des USA, comme chez nous mais en XXXL, très agréable, que ce soit le climat ou les gens, le top.

Milan, J’y ai boxé 2 fois et j’ai toujours été bien accueilli mais je ne connais pas bien cette ville.

D’une manière générale ces villes me font de suite penser à la boxe, que ce soit de New York pour les rendez vous magiques du noble art à Bangkok pour le top en Muay Thaï en passant par Paris et les galas historiques qui y ont eu lieu.

 

S.T. : Jusqu’à aujourd’hui tu totalises combien de combat ?

Combien de victoire, de défaite ?

B.G. : J'ai 26 combats professionnels, 21 victoires dont 10 par KO et 5 défaites.

A noter que sur mes 5 défaites, 4 ont eu lieu lors de tournois, vraiment pas facile d'enchaîner plusieurs combats dans la même soirée...

  

S.T. : Quel a été ton combat le plus dur jusqu’à aujourd’hui ?

B.G. : J’ai eu de nombreux combats assez durs, le dernier en date contre Hesdy Gerges a laissé pas mal de traces par exemple, ma cuisante défaite contre Ustinov à mes débuts n’a pas été une partie de plaisir non plus.

Si je devais en choisir qu’un seul, ce serait ma victoire contre Paul Hooplot (champion des Pays Bas) en 2005.

J’avais alors 4 combats et 4 victoires par KO au 1er round.

Lorsque j’ai boxé Paul, ça m’a surpris de devoir livrer une lutte acharnée, moi qui étais habitué à la facilité.

Il me rentre dedans dès le 1er round et je dois perdre les 2 premiers, une fois la surprise passée et avec les bons conseils d’André Mannaart et Remy Bonjasky (alors dans mon coin), je me suis m’y à travailler et je remporte les 3 derniers rounds.

Un combat très dur ou je suis allé au bout de moi-même comme jamais auparavant, au moment de la décision, je n’avais jamais (et même aujourd’hui encore) étais aussi heureux de remporter un combat, un excellent moment ou l’on est vraiment fier de soi.

J’avais également gagné le respect du clan Mejiro (entraineurs, combattants…) et des spectateurs…

 

S.T. : Ton meilleur souvenir de boxe ?

B.G. : Outre le combat que je viens de décrire, le sentiment de victoire et du devoir accomplit après les combats est souvent très agréable.

Je ne crois pas avoir de meilleurs souvenirs en particulier, c’est un tout, les rencontres avec les champions (Ramon Dekkers, Kaman, Yod, Narupol, Aerts, Hoost, Bonjasky, Hypolythe, Jérôme…) sont des moments inoubliables pour un passionné comme moi par exemple.

Mon 1er voyage au Tokyo Dome avec Jérôme est également un moment très fort, la découverte de la Thaïlande.

Les imprévus me font également mourir de rire, je prends souvent ça avec le sourire et je l’ai transforme en bons souvenirs, se retrouver au Japon pour coacher Jérôme SANS Jérôme, devoir aller combattre sans billet d’avion…

Bref, je n’ai pas un souvenir en particulier mais c’est plus l’ensemble des moments que constituent la vie de boxeurs (voyages, victoires, rencontres…) qui forment un bon souvenir général.

 

S.T. : Et le pire ?

B.G. : La vie de boxeur n’est pas toujours facile, là encore je n’ai pas un pire moment en tête.

J’ai horreur de l’injustice, je suis quelqu’un de très droit et le sentiment de se faire voler par les juges est très désagréable, ça m’est arrivé (heureusement pas souvent) et c’est un moment que je n’ai vraiment pas apprécié.

Passer à côté de son combat est également un moment que nous redoutons tous, rien de pire que de proposer un spectacle d’une piètre qualité au public.

Enfin, les blessures sont également des moments difficiles à gérer.

La palme revient à mon année 2008 ou j’ai enchaîné les pépins assez graves, entorse, phlébite, soucis cérébraux…

Pour le coup, c’est sans doute cette année dans son intégralité qui constitue mon pire souvenir.

 

S.T. : Quels sont les techniques préférés que tu aimes appliquer en combat ?

B.G. : J'affectionne particulièrement les balayages, je feinte mon adversaire pour qu'il me déclenche un coup de pied et je fauche alors sa jambe d'appuie.

C'est souvent frustrant de se retrouver plusieurs fois par terre lors du combat...

Contrer avec un genou direct fait également partie des techniques que j'aime passer lors d'un combat.

Bien sûr lorsque les coudes sont autorisés, je m'en sers sans retenue car c'est l'une de mes techniques favorite.

 

S.T. : Quels sont tes points forts ?

B.G. : Difficile de se lancer des fleurs à soi même...

Je pense que mes points forts sont mon coup d'œil, ma faculté à m'adapter au combattant que j'ai en face de moi et ma façon d'anticiper une fois sur le ring.

D'une façon générale je possède de bonnes jambes, même si je les ai délaissés un peu dernièrement pour progresser en poing, dès que je suis en difficulté, elles viennent à mon secours.

 

S.T. : Et tes points faibles sur lesquels tu aimerais le plus travailler ?

B.G. : Sans aucune hésitation, LA VITESSE !!!

J'ai la particularité d'être "nonchalant", c'est efficace mais pour le spectacle j'ai besoin de bien plus de vitesse, ça sort de mieux en mieux à l'entraînement mais ça tarde à venir en combat.

C'est vraiment ma principal lacune, ensuite je dois travailler pour avoir une anglaise plus propre et trouver un peu plus de puissance, même si cet aspect s'améliore de combat en combat je ne suis pas encore à la hauteur des meilleurs.

 

S.T. : Aujourd’hui en France dans ta catégorie il y a de très bon poids lourd, si je te cite, Fabrice Aurieng, Tony Gregory, Jean Baptiste Kevin, Patrice Quarteron, Nicolas Wamba, Freddy Kemayo, Ennoch Effah, lesquels tu aimerais le plus rencontrer ?

B.G. : Je respecte tout ces garçons, je connais les efforts nécessaires pour arriver au haut niveau et ces gars là ont du faire de gros sacrifices pour être là ou ils en sont aujourd'hui.

En plus notre sport est l'un des plus ingrats qu'il soit et il est difficile d'en vivre.

Nous faisons tous notre chemin chacun de notre côté, certains viennent d'autres disciplines (avec grand succès d'ailleurs) comme Effah ou Aurieng.

Ca ne me poserais aucun problème de boxer l'un des combattants cités, sauf peut être un qui a définitivement perdu mon respect, mais justement un combat avec lui serait peut être l'occasion de lui faire comprendre qu’on n’est pas du baratin.

Bref, je ne suis pas genre à choisir mes combats et de toute façon chacun de ses boxeurs proposerait un challenge intéressant.

 

S.T. : Tu as 24 ans il te reste encore de belle année pour réaliser de grande chose sur le ring, que souhaiterais tu accomplir pour ces prochaines années ?

B.G. : J'aimerais toujours progresser afin de proposer de belles prestations au public et toujours garder cette notion de plaisir, primordiale selon moi à la bonne performance de toute façon.

J'ai boxé au K-1 et au "It's Showtime" mais devenir un "régulier" de ces organisations serait vraiment gage d'une belle réussite sportive.

J'espère également m'épanouir professionnellement en concrétisant un projet qui me tient à cœur.

Je reste persuader que l'on peut associer réussite sportive et professionnelle, à moi de le démontrer maintenant.

 

S.T. : Peux-tu nous raconter une anecdote insolite lié à un combat ou à la boxe tout simplement ?

B.G. : Oh des anecdotes, j'en ai à la pelle, dur d'en choisir une seule...

Le fait de combat le plus surprenant a surement été la fois ou nous avons cherché ma dent sur le ring avec l'arbitre (Mr Ubeda).

C'était un combat à Beilen aux Pays Bas contre Koos Wessels, au 1er round après une sévère droite je sens que quelque chose se ballade dans ma bouche, je crache alors mon protège dent, ma dent vient avec...

Hop un petit coup de recherche avec l'arbitre devant le public mort de rire, on redonne ma dent à André, je remets mon protège dent et retourne au combat, je vais même gagner...

 

S.T. : En dehors de la boxe que fais tu, quels sont tes loisirs préférés ?

Pratiques-tu d’autres sports ?

B.G. : Je suis un boulimique de sport, depuis tout jeune j'ai presque tout essayé je pense, du foot au ping pong en passant par le cirque même (il s'est avéré que le nez rouge était inutile sur le ring finalement).

Parmi les sports que je pratique plus régulièrement, il y a le Motocross, l'une de mes 1ere passions, le tennis et le squash, toujours très physique idéal pour décompresser et enfin ma nouvelle passion depuis 2 ans, le Rugby.
Je suis licencié au club de Luynes et nous jouons en promotion honneur.

C'est un bonheur de pratiquer un sport collectif où la notion de solidarité est tant présente.

Entre la moto et le rugby les risques de blessures sont assez importants et j'inquiète parfois pas mal mes entraineurs et mon agent Alan, mais rien à faire, l'envie de se faire plaisir en jouant ou en roulant est plus forte que la raison.

Au niveau sport de combat j'en ai également essayé pas mal, Karaté, Taekwondo, et puis ça m'arrive souvent de faire un peu de sol pour changer de la boxe.

Sinon, si je me consacrais uniquement à la boxe depuis quelques années (en étant notamment une bonne partie de l'année à Amsterdam), je suis rentré, depuis septembre dernier, au Creps de Vichy afin d'y suivre un BP JEPS activités pugilistiques, 1ere étape indispensable pour la réalisation de mon projet professionnel.

Si je ne regrette pas cette décision, l'ambiance au creps est excellente, on rigole bien entre boxeurs, il me tarde tout de même de retrouver un rythme d'entrainement plus soutenu.

 

S.T. : Quelles sont tes prochaines dates de combats ?

B.G. : J'ai le plaisir de boxer sur l'île de la Réunion le 16 Juillet, je ne suis jamais allé à la Réunion et c'est donc avec grand plaisir que je vais y combattre.

Je ne connais pas encore mon adversaire, mon souhait était d'avoir un combat revanche contre Tomas Hron, Atila Karacs ou Sergei Laschenko mais je ne sais pas si cela va être réalisable.

Le combat sera en boxe thaï et les poids lourds acceptant de boxer avec les coudes ne sont pas si nombreux que ça.

Ça va être une soirée particulière puisque Jérôme va également combattre lors de cet événement, une fois mon combat fini je vais donc me précipiter dans son coin, partir "à la guerre" ensemble nous enchante tout les deux au plus haut point.

Jérôme va disputer un championnat du monde de boxe thaï contre le tenant du titre, le canadien Tomas Novak.

 

S.T. : Veux-tu ajouter quelque chose ?

B.G. : Rien de particulier si ce n'est un merci à ceux qui me soutiennent, les amis, la famille mais aussi les partenaires (cefarCompex, Venum, BSC et Linout via Brice Bugnet).

Merci également à Alan Kermorvan mon Agent/Ami (et vice versa) qui fait du très bon boulot pour ma carrière.

Enfin un sincère remerciement aux anonymes qui me témoignent leur sympathie via mon site internet (www.briceguidon.com), c'est un vrai plaisir de se sentir soutenu et ça me donne souvent l'énergie nécessaire pour avancer.

 

S.T. : Merci pour cette interview et Chookdee pour tes fights avenir !

B.G. : Merci à vous et bonne continuation.

  

 BRICE GUIDON

 Taille : 1m97

Poids : 116kg

Nombre de combat :

26. 21 victoires (10 KO), 5 défaites.

Titres :

Champion d'Europe boxe thaï WPMF (2010).

K-1 last 16 Qualifying GP in Tokyo, 3rd place (2009).

Finaliste K-1 France (2006).

Champion de France Junior -91kg (2003).

Champion de France Cadet -86kg (2002)

Club: Mejiro Gym Amsterdam / Team Le Banner

Website : www.briceguidon.com

 

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