Mon combat contre Saki

Et voilà, 21 mois sans avoir connu le goût amer de la défaite. Cette belle série a prit fin le 28 Mai dernier, au plus mauvais moment puisque c’était lors de la finale du United Glory contre Gokhan Saki. Rappelons que le vainqueur de ce tournoi empochait 150 000$...

Je passe donc à côté du Jackpot, je n’ai cependant pas à rougir de ma performance puisque je m’incline à la décision après 3 rounds intenses. Malheureusement ma préparation à été gâchée par ma main cassée en ½ finale contre Mourad Bouzidi, en effet c’est la gaine tendineuse du 3éme métacarpe qui avait ramassé et ce genre de blessures nécessitent plusieurs mois d’arrêt. Bien sûr je n’ai pas pu m’offrir ce luxe puisque ½ et finale n’étaient espacée que de 2 mois…

Une préparation sérieuse malgré tout :

Ainsi j’ai peu boxé lors de cette préparation, en revanche j’ai mis l’accent sur la préparation physique, avec notamment un énorme travail de fractionné sur piste d’athlétisme. Surtout que j’avais été induit en erreur par une affiche de l’événement qui indiquait que la finale se déroulerait en 5 rounds de 3mn. J’étais aux anges puisque je suis plus performant sur 5 rounds que sur 3, contrairement à mon adversaire qui, en raison de son explosivité, a plus de mal dans la durée…

Malheureusement, l’affiche était erronée et la finale a eu lieu en 3rounds de 3 mn, ce qui est dommage, surtout à ce niveau, je considère ce format des 3 rounds comme une blague, un athlète entrainé peut largement combattre pendant 5 rounds, 3 rounds est vraiment court et il est très difficile de faire une différence en si peu de temps.

Bien que l’enjeu était énorme je n’ai pas souhaité tout changer dans ma préparation et je suis resté fidèle à ce que je fais depuis 2 ans maintenant avec Haltérophilie, Rugby et bien sûr Boxe. C’est à 2 semaines du combat que je suis allé peaufiner les détails au Mejiro Gym d’Amsterdam.

Moscou c’est beau :

Après quelques galères pour obtenir un visa, je m’envol vers Moscou, accompagné d’André Mannaart. Sur place, grosse organisation, conférence de presse, pesée et visite de Moscou sont au Programme. Nous somme au Ritz-Carlton de Moscou, avec vue sur le Kremlin, difficile de faire mieux pour le cadre.

J’avais toujours voulu visiter la place rouge et je suis heureux d’en avoir  l’occasion.

Revenons à la boxe, lors de la pesée je suis à 107kg tandis que Saki est à 102. Ambiance décontractée, nous nous souhaitons de faire un bon combat, il faut dire que nous nous connaissons assez bien et nous nous croisons régulièrement lors des K-1 au Japon ou lors d’événement aux Pays-Bas, il n’y a donc aucune animosité entre nous…

Place au combat :

Ca y est nous y sommes, le samedi 28 Mai, jour ou je dois affronter  la star du K-1 pour le gros lot, c’est sûr que ça peut mettre la pression, pourtant je n’ai bizarrement aucune pression. Je suis très loin d’être le favori pour ce combat et être dans la peau de l’outsider me va parfaitement. Pour ma part je souhaite vraiment donner le meilleur de moi-même, montrer que je peux rivaliser avec le top du K-1 et si la victoire est au bout, ce serait magnifique. L’attente est difficile car je suis réellement impatient d’en découdre avec Gokhan…

L’événement où se déroule le combat est assez restreint, il s’agit d’un gala VIP sans tribune ni gradin mais seulement des tables hors de prix. Ambiance bizarre et 100% contre moi puisque c’est un gala organisé par la golden Glory, Saki est un combattant de la Golden Glory, les officiels sont du staff de la Golden Glory, le public est en très grande partie issue de la Golden Glory Russie, bref autant dire que je me trouve en territoire hostile.

Mauvaise stratégie :

Depuis que je sais que je vais affronter Saki, je me suis fait le combat une bonne centaine de fois dans ma tête, à chaque reprise j’opte pour la même stratégie, étouffer mon adversaire. Il faut dire que je n’ai pas trop le choix, je suis beaucoup plus grand que mon lui et si je le laisse s’exprimer il va me poser d’énorme problèmes, je vais donc m’efforcer d’imposer mon rythme.

Il n’est pas loin de minuit en Russie et on vient me chercher dans les vestiaires pour, enfin, monter sur le ring. André m’accompagne bien sûr et il sait trouver les mots pour me mettre en confiance sans me mettre de pression.

C’est au tour de Gokhan de rentrer, standing ovation bien sûr… Je me fais d’ailleurs copieusement siffler par la salle lors de la présentation, pas très fair play ces russes…

Les recommandations de l’arbitre sont faites, il est temps de commencer…  

Je m’applique dès le début du round à coller à ma stratégie, à savoir prendre l’initiative et étouffer  Gokhan. Je dérange ce dernier avec mon allonge et les 2 premières minutes du round sont plutôt à mon avantage. 1^er constat, Gokhan est « dur », des qu’il bloque les low kick, ses tibias sont de vrais bout de fer , 2^ème constat dès que je le touche avec ma droite, j’ai sans doute plus mal que lui (ma main n’a toujours pas récupérée et c’est un supplice de frapper avec). Dans la dernière minute du round, Saki commence à prendre ma mesure, il trouve les solutions à ma stratégie, avec de nombreuses feintes de bustes pour casser la distance puis faire parler son anglaise très efficace… Pas étonnant pour un combattant du talent de Saki que de s’adapter en cours de combat.

C’est d’ailleurs là que j’aurai du moi-même changer de stratégie, mais pour être honnête je n’avais jamais envisagé de combattre Saki d’une autre manière.

Le 2^ème round commence comme le 1^er s’était terminé, je donne beaucoup de coups mais je touche peu, Saki est plus efficace et commence à me contrer assez durement. Je ne démérite pourtant pas en lui tenant la dragée haute, je suis moins précis mais je maintiens un rythme de combat assez élevé. C’est à 45 secondes de la fin du round que Saki m’envoi au tapis. Sur une énième feinte du buste pour casser la distance, je mords dans la feinte et vois arriver un crochet droit alors que c’est le gauche qui part, BOUM on éteint les lumières… Heureusement je récupère assez rapidement, je tourne et laisse finir le round pour aller retrouver mon coin et récupérer avec l’espoir de tout faire basculer dans le dernier round…

Dès le début du 3^ème round, j’essai d’emballer le combat, je n’ai plus rien à perdre et si je ne gagne pas avant la limite je n’ai aucune chance de repartir avec le jackpot. Il est plus temps de réfléchir mais juste de tout donner, d’ailleurs depuis le compte du 2^ème round je ne suis plus très lucide et j’ai d’ailleurs qu’un souvenir très confus de ce 3^ème round (merci la vidéo). Je me jette donc dans « la bagarre », j’avance sans cesse, toujours avec un cruel manque d’efficacité. Saki se contente de me contrer et de tourner, je commence à le fatiguer et conscient de son avance aux points, il gère. Je sens pourtant que ça commence à payer et je domine cette fin de combat, je le balaye d’ailleurs assez efficacement (j’apprendrai plus tard que je lui ai déchiré l’adducteur sur ce balayage), malheureusement il est bien trop tard et Saki avait fait une grosse différence dans le second round pour espérer que cette fin de combat joue en ma faveur.  GONG, fin du combat, D E C E P T I O N !!!

Bien sûr j’ai de suite conscience que le verdict sera en sa faveur, bien que  déçu, j’ai tout de même montré de belles choses dans ce combat, en commençant par le mental en revenant après un gros Knock down et en terminant le combat assez fort.  C’est à la fin du 3^ème round que ma stratégie commençait à payer, donc bien trop tard, encore une fois je nourris de gros regrets puisque l’histoire aurait été bien différente en 5 rounds…

Compte tenu de cette durée réduite de combat, j’aurai du opter pour une autre stratégie en profitant plus de mon allonge malgré tout j’ai beaucoup apprit dans cette défaite presque plus que dans mes 14 dernières victoires…

Voilà, le chapitre United Glory se referme sur cette belle finale à Moscou. Il me reste maintenant à retrouver le chemin de l’entraînement puis du ring et enfin de la victoire !!!

Je vous donne rendez vous très bientôt pour mon prochain combat, Merci à tous du soutien !

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